Rencontre à Medellín

Une adoption à Medellín

Le mardi 5 février, nous avons posé le pied sur le sol de Bogotá avec en tête un dénouement familial. Faire famille, devenir une famille… tout ce pourquoi nous nous sommes préparés depuis quelques années avec mon mari. C’est ainsi que le 7 février au matin, dans les locaux de l’ICBF de Medellín, nous avons rencontré notre fille âgée de 8 ans et demi.


Quand elle est entrée dans la pièce, elle était bien apprêtée avec le t-shirt que nous lui avions fait parvenir. Elle avait le visage figé, les yeux dans le vague, bien qu’ayant été préparée à l’événement, avec notamment des échanges Skype au cours des dernières semaines. Elle était là, choquée, le fantasme devenait réalité pour elle, avec ses joies mais surtout ses craintes. Notre fille avait quitté une famille d’accueil la veille, se retrouvait face à des quasi inconnus avec lesquels elle allait devoir repartir pour quitter son pays, sa langue, ses habitudes, ses repères. Il est 11h30 et nous devons repartir ensemble vers notre pension tous les trois, avec nos angoisses et nos incertitudes. Du côté de nos coeurs de parents, cette certitude que nous l’aimions déjà et qu’elle était notre famille. De son côté, un chaos qui se manifesta vite. La semaine suivante, nous devions faire face à ses pleurs,
son refus de jouer et d’être consolée. L’ICBF nous a aidés en donnant son accord pour que l’on puisse entamer sur place un suivi psychologique pour elle, pour nous.


A partir de ce moment, nous avons commencé à percevoir chez notre fille la même envie que nous de fonder une famille. Mais peut-on jeter la pierre à ses premières inquiétudes ?
A sa place, serions-nous confiants de partir au bout du monde avec des inconnus.
Les semaines en Colombie se sont enchaînées et son sourire nous est apparu. Il était magnifique. Nous nous amusions à trouver des ressemblances chez l’un ou chez l’autre. Car oui, notre fille nous ressemble.
Nous voici fin février et le jugement d’adoption est prononcé ; nous pouvons enfin nous projeter tous les trois vers le départ pour Paris. Elle a hâte et n’en peut plus de vivre dans l’appart’hôtel. Elle veut prendre l’avion.


Le 13 mars c’est le grand jour. Non seulement c’est l’anniversaire de Benoit, mais nous partons aussi pour Paris. Elle est heureuse, saute partout. Toutes les attentes deviennent difficiles : attente dans le taxi, attente au comptoir de l’émigration, attente dans le hall d’embarquement, attente dans le couloir qui mène à l’avion. Finalement, nous y sommes enfin. Assis confortablement dans nos fauteuils, elle se lie d’amitié avec la petite fille du siège derrière. Nous continuons à la préparer à notre arrivée. Elle finit, épuisée, par s’endormir jusqu’à l’atterrissage.
L’heure du débarquement a sonné. Nous retrouvons la petite fille apeurée lors de notre rencontre. Visage fermé, plus un son ne sort de sa bouche. Nous arrivons dans la salle de récupération des bagages, plusieurs passagers de plusieurs avions se retrouvent là. Les gens discutent, contents de rentrer chez eux ou d’arriver à destination. Notre fille nous interpelle et nous demande pourquoi ils ne parlent pas espagnol. Nous l’avions pourtant préparée mais le choc est immense. Ses yeux se remplissent de larmes. Elle
est comme immobilisée. Toutefois, le voyage n’est pas fini et il nous reste à passer la douane et l’immigration avant de prendre notre train pour Strasbourg. Durant l’attente du train, elle refuse de manger ou de boire. Sa peine est inconsolable.
Bien que nous devions arriver à 22h00 à Strasbourg, j’appelle une amie et son fils à la rescousse pour qu’ils soient présents à notre arrivée. Pari gagné! Pouvoir rencontrer un premier enfant français la fait sourire. Une course de valises est organisée dans le hall de gare jusqu’à la voiture. Le temps de mettre les valises dans la voiture, elle a peur que je reste sur le parking et de partir avec des inconnus. Quand je monte dans la voiture, je la sens rassurée, apaisée.
Il est minuit quand nous franchissons le seuil de la maison, le temps de lui faire découvrir la maison, sa chambre, ses vêtements, ses jouets et de préparer un lit de fortune dans notre chambre parentale, il est temps de se coucher.
Les semaines et les mois qui se succèdent, l’apprentissage du français en quelques mois, nous découvrons notre petite fille. Mois après mois, nous fêtons notre famille le 7 et le 27 de chaque mois. Camille est une petite fille joviale, aimable et très intelligente.


Une année est passée et notre famille se porte bien. Camille a pu nous demander pourquoi nous ne sommes pas venus la chercher plus tôt et a peur de grandir trop vite pour devoir partir de la maison. Notre maison est la sienne pour toujours et il n’existe pas de date de départ. Voilà les mots rassurants qu’il a fallu lui répéter.


Papa, Papou et Camille
Dessin de de Benoît Le Mintier

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